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Municipales 2026 : Les maires face au double défi national et local !

  • Photo du rédacteur: Gildas Lecoq
    Gildas Lecoq
  • 28 sept.
  • 4 min de lecture

À six mois des élections municipales, les maires français se retrouvent au cœur de plusieurs enjeux majeurs, entre anticipation électorale, réforme institutionnelle et fatigue du mandat. Le récent courrier de Sébastien Lecornu, adressé aux 35 000 maires du pays, illustre à la fois la reconnaissance symbolique de leur rôle et les défis à venir. Dans ce contexte, leur action locale est scrutée comme jamais, entre réformes nationales et réalités du terrain. Par Gildas Lecoq


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Il y a des chiffres qui inquiètent ou du moins qui interrogent. Selon le cevipof* environ 11 % des communes de plus de 10 000 habitants ont connu au moins un changement de maire entre 2020 et mi-2025.

Pour mémoire, lors du précédent mandat (2014-2020) le taux était de seulement 2 % pour ces mêmes villes.


Entre fatigue et pressions

Ce phénomène, plus faible dans les petites communes, révèle une tension croissante dans les villes moyennes et grandes, liée à la fatigue des mandats, aux pressions politiques et sociales, et à la complexité de la gestion municipale.

Comme le souligne Frédéric Dabi, directeur général de l’IFOP, « Le maire incarne une figure consensuelle et rassurante. Il est sur le terrain, il écoute, il ne peut que tenir ses promesses à partir des projets proposés, sinon il est désavoué. Il est à portée de baffes, mais il peut changer le cadre de vie, réenchanter la proximité. »**

Cette confiance se reflète dans les enquêtes : la satisfaction à l’égard des maires atteint 70 % toutes tailles de commune confondues et pourtant la fatigue, la lassitude touche mandat après mandat de plus en plus d’élus.

La lettre de Sébastien Lecornu : soutien et intentions

Ancien maire de Vernon et donc conscient de la difficulté de la fonction, le week-end dernier, le Premier ministre Sébastien Lecornu a envoyé une lettre aux maires de France, à la fois pour les soutenir mais également pour leur exposer ses intentions politiques. Un courrier concis autour de trois points principaux.


Un message de soutien, tout d’abord, reconnaissant la difficulté des missions confiées aux élus et leur rôle dans la gestion de la « colère » des citoyens. Sébastien Lecornu se souvient qu’il avait organisé le Grand débat national en 2019, pour sortir de la crise des "gilets jaunes", et renouer le lien avec des élus qui avaient clairement pu se sentir négligés par Emmanuel Macron.

Une reconnaissance concrète de leur engagement, avec l’inscription dans les textes budgétaires 2026 d’une indemnité pour compenser le dédoublement fonctionnel, et la volonté de faire aboutir la loi sur le statut de l’élu local. Le nouveau Premier Ministre souligne ainsi qu’il est clairement conscient que les maires exercent à la fois des missions locales (au service de la commune) et des missions qui relèvent de l’État (par exemple, l’organisation des élections, certaines responsabilités de sécurité ou administratives). Un engagement et un surcroît de travail qu’il souhaite récompenser financièrement et officiellement.

L’annonce d’un grand acte de décentralisation, destiné à clarifier la répartition des compétences entre État, préfets et collectivités territoriales, garantir un service public efficace et adapté, et simplifier le millefeuille territorial. A travers cela le Premier Ministre met le doigt aussi sur la nécessité de faire des économies à l’heure où il doit présenter rapidement le budget de l’Etat pour 2026. « Un nouvel acte de décentralisation, c’est une intention qu’on entend tous les six mois », a rappelé pour sa part le président de l’Association des Maires de France, David Lisnard, soulignant le scepticisme des élus face aux promesses répétées.


Si la main a été tendue par le Premier ministre, les élus locaux attendent encore les premières orientations du budget en construction pour ajuster leur position. Cette attente souligne la difficulté pour les maires de naviguer entre directives de l’État et réalités concrètes de leurs communes. Vous savez, cette constante et pesante dualité entre l’application des décisions nationales et la confrontation avec le quotidien réel de nos concitoyens dans l’action locale.

Comme le rappelait Édouard Herriot, pour qui « la République, c’est la démocratie dans les petites patries », l’action des maires dépasse la simple gestion quotidienne : elle est au cœur de la vitalité démocratique locale.


À six mois des municipales, les élus doivent assurer le service public, participer à l’effort national pour résorber la dette ou du moins réduire la dépense publique, anticiper les réformes à venir, tout en confortant leur lien avec leurs citoyens, démontrant que la démocratie se construit avant tout à l’échelle de la commune.


Les propositions attendues d’ici le 31 octobre 2025 permettront de préciser les compétences et missions des élus, avec des enjeux majeurs dans des domaines stratégiques comme la santé, l’urbanisme, le logement, les transports, la culture, le tourisme et le sport. Ces derniers mois de mandat sont cruciaux : consolider le bilan, démontrer l’efficacité de l'action locale et réaffirmer le rôle central des maires auprès des citoyens.

 

*Étude du CEVIPOF de juin 2025 pour l’AMF

**La Lettre du cadre territorial Avril 2025.

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