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Jean-Louis Borloo préfère le "Paris-Brest" institutionnel au "millefeuille" administratif

  • Photo du rédacteur: Gildas Lecoq
    Gildas Lecoq
  • 23 nov.
  • 9 min de lecture

Non je ne vais pas vous parler pâtisserie mais une fois n'est pas coutume d'un homme qui en cette rentrée 2025 fait beaucoup parler de lui ! Il y a, en effet, des politiques qui multiplient les discours. Jean-Louis Borloo, lui, propose des solutions. Inlassablement et avec cette gouaille qui ne laisse personne indifférent, il enchaîne les plateaux de télévision pour alerter les Français sur la nécessité de se prendre en main, dans cette période où chacun reconnaît que notre pays va mal. Une chose est certaine : Jean-Louis Borloo croit encore que la France peut se réparer ! Portrait.

Par Gildas Lecoq


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L’homme qui croit encore que la France peut se réparer

S’il est aujourd’hui l’une des personnalités politiques préférées des Français, Jean-Louis Borloo n’a jamais vraiment appartenu au club fermé des professionnels de la politique. Il a toujours navigué à sa façon, comme un homme de terrain, un dépanneur qui débarque avec sa caisse à outils, son œil pétillant et cette manière inimitable de proposer des choses simples pour remettre de l’ordre dans le chaos.


Jean-Louis Borloo, c’est un curieux mélange entre l’élégance des beaux quartiers Parisiens et la débrouillardise d’un chef de chantier. Son allure raconte déjà l’homme. Ses cheveux, jamais vraiment coiffés, lui donnent l’air d’un professeur distrait ou d’un inventeur qui aurait passé la nuit à réfléchir. Sa fameuse parka rouge "Aigle" est devenue, avec ses pulls à col routier, sa signature, son uniforme, sa seconde peau.

On le croise ainsi, des plateaux télé jusqu’aux conférences de fédérations professionnelles, des studios de radio aux congrès des maires, l’air faussement négligé, la démarche un peu souple, la veste souvent ouverte, comme s’il refusait que quelque chose – même un bouton – puisse entraver son mouvement.


Car Jean-Louis Borloo est un homme en mouvement, un agitateur d’idées. Borloo, c’est l’ami avec qui on pourrait passer une soirée. Mais lui ne veut pas refaire le monde avec des mots ; non, il propose des solutions pour réparer la France. Tout est écrit, travaillé, réfléchi, mais parfois tout sort de manière désordonnée. Les mots se bousculent, les phrases s’arrêtent parfois en plein milieu, une autre idée ou un autre exemple venant prendre la place de la première. Il est comme cela, il parle fort en homme passionné, se met parfois en colère, comme il l’a écrit dans un de ses livres, mais une colère qui ne détruit pas, une colère intérieure qui construit, qui cherche à rassembler, à améliorer ce qui ne fonctionne plus.


Et une chose est certaine : notre pays va mal ! Alors Jean-Louis Borloo, qui s’était fait plus discret après des soucis de santé, heureusement désormais derrière lui, s’est remis en mouvement, fort de deux certitudes qui guident son analyse : les territoires savent faire et l’État, lui, sait surtout compliquer les choses.


Son constat est simple et connu de tous : la France est malade et souffre d’une sorte de "polyarthrite bureaucratique" : elle ne peut plus bouger. Il faut donc un sursaut collectif, une refonte profonde de nos institutions, de nos méthodes, pour lui permettre de se remettre en mouvement !

 

Rentrée 2025 : la désorganisation française mise à nu

Depuis début septembre, Jean-Louis Borloo connaît une forme de renaissance politique. Trois ans après avoir lancé L’Alarme - un ouvrage qui sonnait trop tôt, trop fort peut-être - il retrouve brusquement une place dans le débat public.


Partout où il passe, il martèle la même idée : la dette n’est pas la cause de nos problèmes, mais la conséquence. La véritable maladie de la France, c’est la désorganisation. Ses interventions claquent comme un diagnostic clinique : « On n’a pas un problème de gouvernement, on a un problème de gouvernance globale de la France. Nous sommes la seule organisation du monde qui n’a pas d’organisation. Tout le monde fait tout, et plus rien ne marche. »


Et Borloo déroule la liste des symptômes comme un médecin qui évalue un organisme en souffrance : l’enseignement délabré, les prisons saturées, les chaînes judiciaires et hospitalières au bord de la rupture, les universités épuisées, l’agriculture en détresse. Et ce chiffre qui glace : un million et demi de jeunes livrés à eux-mêmes, sans perspective. Pour lui, la France ne traverse pas une crise sectorielle mais une crise matricielle, une maladie du système nerveux central. Rien ne fonctionne parce que plus rien n’est organisé. Pire : nous avons sur-organisé notre organisation, tout est congestionné !

 

L’État a élaboré un millefeuille indigeste

Pour décrire l’appareil d’État, Borloo n’y va pas par quatre chemins, car la pathologie est bien connue : celle où chaque articulation administrative – de la commune au ministère – se bloque, s’enflamme et rend le mouvement quasi impossible.


Et il faut dire que les chiffres donnent le tournis : 570 000 élus, 36 000 collectivités, 8 000 organismes paritaires, et près de 33 % du PIB absorbés par une forêt de structures superposées, imbriquées, parfois contradictoires, des acronymes barbares qui coûtent cher. C’est comme demander à un athlète d’avancer avec quatre couches de pantalons, trois vestes empilées et des chaussures attachées entre elles. À un moment, ce n’est plus l’effort qui manque : c’est la possibilité de bouger.


Borloo le dit sans détour : « La machine est hors de contrôle. » Puis, plus sévère encore : « Le système hybride français est mort. » La formule peut choquer, mais elle correspond à une réalité que chacun constate sans oser la nommer. La France n’est plus centralisée – ce modèle est depuis longtemps hors service. Mais elle n’est pas décentralisée non plus. Elle s’est installée dans un entre-deux absurde, une sorte de no man’s land administratif où les responsabilités s’entrecroisent comme les fils d’un vieux tableau électrique jamais remis aux normes. Et pourtant c'est bien la norme qui est une partie du problème. Dans ce labyrinthe, la moindre décision – refaire une école, ouvrir un centre de santé, réparer une route – peut prendre deux ans, parfois plus. « Qui fait quoi ? » est devenu une question sans réponse claire, une énigme institutionnelle que même les techniciens ne savent plus résoudre. Le millefeuille territorial, jadis image gourmande, est devenu une pâtisserie indigeste, trop grasse, trop lourde, trop compliquée pour être servie sans risque d’indigestion nationale. Comme beaucoup de Français, Jean-Louis Borloo est écœuré par le millefeuille administratif et lui préfère sûrement un Paris-Brest institutionnel. Moins de couches, une architecture simple, un cœur identifié, la province, et une saveur qui ne se perd pas dans la pâte.


Pour une République fédérale

Une façon élégante de dire qu’aujourd’hui, la France a besoin de simplicité, de lisibilité et surtout de cette légèreté retrouvée sans laquelle aucune action publique n’est possible.

Pour Jean-Louis Borloo, la seule issue crédible passe par une véritable République fédérale, bâtie sur les forces réelles du pays : ses provinces. L’idée est simple, presque de bon sens : laisser chaque territoire gérer les sujets qu’il connaît – l’école, l’hôpital, les transports, le sport, l’agriculture, la jeunesse – plutôt que de tout renvoyer vers Paris, choisir Brest, ou Arras, Toulouse ou Marseille. Vingt grandes provinces, chacune dotée d’un parlement local, prendraient en charge l’action du quotidien, avec des règles adaptés aux territoires, leurs propres priorités, leur propre rythme. Pendant ce temps, l’État retrouverait sa colonne vertébrale : le régalien, rien que le régalien – la défense, la sécurité, la justice, la diplomatie, la recherche stratégique. Une France où l’on cesse enfin de mélanger les rôles : aux territoires, la vie concrète ; à l’État, la puissance. Une architecture lisible, respirable et surtout efficace, à l’inverse du millefeuille actuel où tout le monde fait tout et plus rien ne marche.


Notre-Dame : la preuve que la France réussit quand elle sort de son propre système !

Pour illustrer son propos, Borloo revient souvent sur un exemple qui frappe les esprits : la reconstruction de Notre-Dame. « Pour sauver Notre-Dame, on est sortis du système classique d’organisation publique », rappelle-t-il. Une équipe resserrée, une chaîne de décision claire, aucune procédure paralysante : résultat, le chantier a tenu ses promesses et Notre-Dame a été rénovée en temps et en heure. Jean-Louis Borloo aime cet exemple, la démonstration est implacable. Chaque fois que la France s’affranchit de sa propre bureaucratie, elle réussit.

Jean-Louis Borloo a une formule d'ailleurs qui résume tout : « On était un pays de producteurs, on est devenu un pays d’inspecteurs. » Pour lui, la France s’est laissée dévorer par ceux qui surveillent, contrôlent, vérifient, auditionnent, évaluent… sans jamais rien produire eux-mêmes. Les normes s’accumulent, les formulaires s’étendent, les procédures prolifèrent, comme si l’État avait confié les clés de la maison à ses vigiles au lieu de ses bâtisseurs.


« Quand les inspecteurs prennent le pouvoir, le pays ne crée plus », assène-t-il lors de chaque interview, convaincu que la France souffre moins d’un manque d’action que d’un excès de contrôle. Jean-Louis Borloo est écouté par les français, il le sait. Alors il leur parle avec franchise et rappelle régulièrement cette anecdote absurde celle sur ce décret parisien qui rappelle la manière dont on doit couper un arbre. La machine normative s’est emballée au point de transformer l’administration en immense service après-vente de ses propres règles. Borloo voit là l’une des dérives les plus graves : la France se surveille elle-même à en devenir immobile.


Autre exemple, l’hôpital public, sans doute le symptôme le plus spectaculaire de la maladie française. En près de 18 ans, les frais de structure sont passés de 5 % à 34 %.

« On a noyé l’hôpital sous l’administratif. Pendant ce temps, le soin s’effondre », rappelle Jean-Louis Borloo. Ce basculement est né en grande partie lorsque la direction des hôpitaux a été confiée à des gestionnaires plutôt qu’à des médecins. Borloo ne condamne pas mais s’énerve encore : « La France a retiré le pouvoir à ceux qui savent faire. L’hôpital est devenu un empilement de normes, de contrôles et de tableaux Excel, un lieu où l’on surveille plus qu’on ne soigne. » Cette dérive raconte tout : tant que la bureaucratie gouvernera les soignants, les malades continueront d’attendre. L’hôpital, dit-il, est le miroir grossissant de notre désorganisation nationale.


La jeunesse : la grande “mobilisation générale”

Ce n’est pourtant pas l’État, ni les collectivités, ni même la dette qui semblent toucher le plus Jean-Louis Borloo aujourd’hui : c’est la jeunesse, ce trésor fragile que la France laisse filer entre ses doigts.


Pour la jeunesse ? « Mobilisation générale ! », lance-t-il comme on sonne l’alerte d’un pays en train de perdre sa relève. Une position qui résonne quelques jours après les propos du chef d’état-major des Armées sur le sacrifice des Français et de leurs enfants !

Jean-Louis Borloo rêve d’« une épopée pour ramener la jeunesse au top du monde », convaincu que « la prospérité de la France passera par sa jeunesse ». Mais le constat est brut : ces millions de gamins aux pieds des immeubles ou du moins déscolarisés, cinquante mille qui ont déjà tenu une arme avant même la puberté. Des chiffres qui glacent.

Pour Borloo, la décentralisation n’est pas qu’une affaire d’organigrammes : c’est une urgence éducative, sportive, culturelle, économique. Il veut que les territoires retrouvent leur rôle d’aiguilleurs, que les clubs, les associations, les écoles, les maires puissent révéler les talents, offrir des perspectives, reconstruire la confiance. Sa République fédérale n’a de sens que si elle sert à redonner un horizon à ceux qui n’en ont plus : les enfants, les adolescents, la génération qui dérape à une vitesse qu’il juge « extraordinaire ». Chez Borloo, la réforme de l’État n’est pas un débat institutionnel : c’est d’abord une promesse faite aux jeunes.


Borloo et la tentation de la pérestroïka française !

Au moment où le pays doute, où l’on cherche des boussoles plus que des chefs, la silhouette un peu froissée de Jean-Louis Borloo revient hanter le débat public avec la force tranquille de ceux qui n’ont plus rien à prouver.


Dans un paysage où certains, de Mélenchon à Le Pen en passant par Bardella, agitent les mots de « révolution » ou évoquent des scénarios de rupture brutale, lui oppose une autre voie : une sorte de pérestroïka française, une reconstruction patiente et résolue, fondée non sur les coups d’État rhétoriques mais sur des solutions concrètes.


Oui, Borloo parle de décentralisation, mais c’est de responsabilité dont il est réellement question ; il parle de provinces, mais c’est de liberté qu’il s’agit ; il parle de jeunesse, mais c’est d’avenir qu’il nous invite à reconquérir. Il n’a rien d’un homme providentiel – et d’ailleurs il s’en défend – mais il possède ce talent rare : regarder la France sans fard, la comprendre dans ses failles comme dans ses forces, et imaginer des réponses aussi simples que radicales.


Il ne promet pas de miracles. Il invite à remettre de l’ordre. À redonner leur place à ceux qui agissent. À desserrer l’étau bureaucratique pour que la machine se remette enfin à respirer. À reconstruire l’État comme on répare une maison : en reprenant la charpente, en renforçant les poutres, en redonnant du jeu à chaque articulation.


Une République fédérale pour redonner du mouvement ; des provinces responsabilisées pour redonner du souffle ; une jeunesse prioritaire pour redonner du sens.

Au fond, Borloo ne revient pas pour occuper une place, ni pour juger ce qui a été fait ou mal fait et par qui ! Non, il revient parce qu’une place s’est creusée, celle du réparateur en chef d’un pays qui se cherche.

Peut-être que tout cela n’ira nulle part, hélas. Peut-être que tout cela ira très loin, espérons-le. Mais une chose est sûre : dans cette France encombrée de normes, de procédures et de doutes, sa voix rappelle une évidence oubliée. On peut encore réparer ce qui s’est cassé ou défait. Il suffit, parfois, de recommencer par le bon bout, et surtout d’engager ce mouvement avec les Françaises et les Français. Dans ce moment la voix de Jean-Louis compte.

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