Gildas Lecoq
Tribune : La Fonction publique territoriale fête ses 40 ans !
Dernière mise à jour : 21 févr.
Il y a 40 ans était voté la loi de création de la fonction publique territoriale le 26 janvier 1984. Cette création a été une étape cruciale dans la reconnaissance du rôle essentiel des agents publics territoriaux au service de l'intérêt général.
Cet anniversaire offre l'opportunité de réfléchir sur le chemin parcouru et de célébrer la contribution significative des fonctionnaires territoriaux à l’évolution de nos collectivités locales. 40 ans après sa fondation, la fonction publique territoriale regroupe plus de 1,9 million de fonctionnaires exerçant près de 250 métiers variés, sous l'égide de quelque 44 000 employeurs.
Le service public de proximité
Au-delà des chiffres, les agents territoriaux incarnent le service de proximité. Ils sont présents à tous les moments de la vie de nos citoyens et jouent un rôle crucial dans la gestion des collectivités locales. Cette force de travail, ces compétences reconnues, demeurent un pilier essentiel de la vie quotidienne mais passe bien souvent après les deux autres versants qui composent la fonction publique à savoir les fonctionnaires d’Etat et ceux de la fonction publique hospitalière.
Pourtant, le visage de la Fonction Publique Territoriale a évolué au fil des années. Depuis sa création, les effectifs ont constamment augmenté pour répondre aux besoins croissants des collectivités territoriales notamment en raison des transferts de compétences que l’État a opéré ces dernières années. Durant ces 40 années, la fonction publique territoriale a démontré également sa capacité à s’adapter, se former mais surtout à répondre aux attentes des populations.
Des métiers en tension !
Les défis qui s’annoncent pour l’avenir sont nombreux. L’un des premiers défis est sans aucun doute celui de la gestion des ressources humaines. Nos collectivités locales ont de plus en plus de mal à recruter sur certains métiers.
La désaffection, et donc la tension, touche en effet des métiers tels que les auxiliaires de puériculture, les animateurs, les policiers municipaux, les services techniques pour n’en citer que quelques-uns. Dans une récente étude* inédite, le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) a interrogé plus de 4 000 collectivités. Le constat est clair, le phénomène des métiers en tension s’enracine et malheureusement s’élargit.
Conditions de travail difficiles, horaires souvent atypiques ou décalés, salaires parfois moins attractifs par rapport au secteur privé ou à la fonction publique d’État, les raisons sont nombreuses et les collectivités ont souvent recourt à des agents contractuels.
Malgré tous les recrutements sont compliqués, les collectivités soulignent par exemple, un manque de qualité des candidatures et une inadéquation des profils aux postes proposés. Mais aussi, les besoins de recrutement non satisfaits (78 %), les problèmes de fidélisation (49 %) et de turn-over (44 %) viennent expliquer ces tensions.
Près de 45% des collectivités constatent des compétences difficiles à trouver, principalement dans les domaines de la gestion administrative, juridique, commande publique, gestion budgétaire et financière, et gestion des ressources humaines. 50 % des collectivités ayant répondu à cette étude estiment que ces problèmes de métiers en tension commencent à impacter la qualité des services publics.
Pour résoudre cette difficulté seules 15 % des collectivités reconnaissent avoir mis en place une stratégie d'attractivité. Des programmes surtout observés chez les plus grandes collectivités (Conseils régionaux ou départementaux) laissant les communes de moins de 50.000 habitants assez esseulées face à cette difficulté croissante.
L'intérêt général une valeur qui a du sens
En se projetant sur les cinq prochaines années, 77 % des collectivités considèrent que la limitation des ressources financières sera le principal facteur impactant les métiers et les compétences. Viennent ensuite la nécessité, comme cela est également le cas dans le secteur privé, d’agir sur les conditions de travail, la formation et le développement des compétences mais également sur la définition de plans de carrière attractifs avec des perspectives d'évolution claires, favorisant la fidélisation des agents.
Mais l’étude révèle toutefois qu’il ne faut pas se désespérer, la fonction publique territoriale conserve un atout : le service de l'intérêt général qui demeure "une valeur forte" ayant "du sens". Tout n’est pas perdu !
* Méthodologie : 4 026 enquêtes réalisées d’août à octobre 2023 auprès de régions, départements, EPCI et communes de 500 habitants et plus. Questionnaires administrés auprès des élus, DGS, DGA, DRH, responsables de service RH ou recrutement.
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